Ce sentiment persistant d'être profondément stupide ....
Bonjour à tous Amis ! Salut à vous !
Je vous souhaite de tout cœur de vous porter à merveille et de préparer votre été avec enthousiasme et délectation. Je suis restée silencieuse plusieurs mois (sans cesser de penser à vous et surtout en vous lisant avec un immense plaisir - merci pour vos commentaires / auxquels je vais répondre au plus vite et à vos messages privés / tout pareil -) mais j’affrontais des dragons, des fantômes et des petites bêtes sournoises et visqueuses. En fait non, je m’affrontais moi-même mais ça revient presque au même.
Il m’arrive quelques fois d’avoir envie de tomber les masques, de m’adresser à vous le plus honnêtement du monde, de juste vous livrer mes mots en espérant qu’ils vous touchent de façon évidente. Sans fioriture, simplement. C’est ce que je vais faire aujourd’hui.
Je garde en moi ce sentiment persistant d’être profondément stupide et ce ne sont pas des chiffres supérieurs à 130 qui vont balayer cette image que j’ai de moi. Ce décalage qui me place parmi les abrutis est bien réel quelques fois et j’ai trouvé une personne qui le décrit magnifiquement, c’est pourquoi, je vais m’appuyer sur son texte. Cette jeune bloggeuse TSE (son blog ICI) nous raconte dans cet article une scène de sa vie, qu’elle m’a autorisée à partager avec vous. Extrait : « La Chouette, 19 ans, est dans le restaurant d’un village vacances et veut sortir de la salle. Elle tire la porte. La porte ne s’ouvre pas. Si La Chouette avait une pensée linéaire, un minimum de logique et n'était pas distraite à cet instant, elle en déduirait qu’il faut donc pousser la porte. Exemple de pensée linéaire : Je tire la porte >> elle ne s'ouvre pas >> je ne m'y prends pas comme il faut >> je dois essayer une autre méthode >> une porte peut s'ouvrir de deux manières, en tirant ou en poussant (ou en la défonçant, ou en la brûlant, ou en la... ah oui merde, on a dit que c'était une pensée linéaire...) >> déduction : je dois pousser la porte. Le truc, c’est que La Chouette est HP. La Chouette, en constatant que la porte ne s’ouvre pas, elle va plutôt avoir le réflexe de rester plantée devant et d’étudier son mécanisme en réfléchissant à l’endroit où trouver de l’huile au cas où y’aurait besoin, tout en réfléchissant aux variétés d’huile qu’on trouve dans cette région, à des recettes à base d’aliments du coin, à tout et n’importe quoi en rapport avec le métal, le bois, le verre, l’huile et la bouffe (on est dans un resto quand même, là)… Pendant ce temps, un jeune homme trisomique de la table voisine, constatant la difficulté de La Chouette face à l’action incroyablement complexe d’ouvrir une porte, se lève et la lui ouvre gentiment. (True story, eh oui…) Dites-moi maintenant : qui passe pour un attardé dans cette situation ? Bon. Quand les HP disent qu’ils se sentent souvent cons et qu’ils font souvent des trucs cons, ce n’est pas de la fausse modestie. » Merci à la petite chouette pour la pertinence de ses propos.
Quand je l’ai lu, je me suis dit « Mais oui, mais c’est bien sûr ! » J’ai toujours une espèce de décalage, en particulier quand je suis en public et rester devant une porte pendant 10 min pour essayer de comprendre son mécanisme aurait pu m’arriver. Une des raisons pour lesquelles, je « classe » les gens qui m’entourent en TLM ou TSE c’est que j’ai une propension naturelle à me remettre en question pour un oui ou pour un non. Je n’ai aucun plaisir à me dire « Tiens ce sont des TLM » ou « Lui, c’est un TSE ». Non, cette « classification » me permet uniquement de ne pas m’attaquer moi-même. J’exemplifie tout ça. Je suis dans une fête / réunion de personnes et un petit groupe discute avec véhémence d’un sujet x ou y. Si je me joins à eux et que je me rends compte que je meurs d’ennui au bout de trois minutes ou encore que je suis profondément outrée par la stupidité de leurs propos, ma première réaction sera de m’attaquer moi-même de cette façon « Voyons Ketrichen, ils ont l’air sûrs d’eux, tu n’as pas dû comprendre le thème de la conversation. » Je vais donc leur poser des questions pour me démontrer à moi-même qu’ils ne sont ni ennuyeux (Ils ont l’air de tellement s’amuser) ni stupides (ils semblent tellement intelligents !). Cet exercice consiste à retourner mon esprit à l’envers, à l’endroit et sur les côtés pour redonner un sens intelligible à leur propos. C’est une gymnastique assez violente pour mon cerveau et qui s’avère totalement inefficace. (Notons que c’est un mécanisme de défense qui est apparu avec le temps et l’usure ! Quand j’étais encore adolescente, je les confrontais avec véhémence à leurs limites –espérant bien entendu qu’ils n’aient pas réellement ces limites- Après de très très nombreuses et violentes confrontations dans lesquelles le groupe me supplantait toujours, je me suis mise à m’attaquer moi-même par réflexe. -C’était une petite parenthèse contextuelle. Reprenons.- ) Parce que non, je ne comprendrais pas ce qui les fait tant rire ou leur conviction profonde sur tel ou tel thème. (Difficile d’exemplifier, j’ai tendance à ne mémoriser que ce que je comprends… Et là, comme je ne les comprends pas…) Tout ça pour vous dire qu’à ce moment de ma vie, je suis face à des TLM qui ont des codes de communication et des sujets de discussion que JE NE COMPRENDS PAS et je me sens fondamentalement TRES STUPIDE d’être incapable de partager avec eux et de m’intégrer ! Le fait de savoir que ce sont des TLM me permet simplement de ne pas m’en vouloir et de ne pas leur en vouloir non plus. C’est très important parce que la société + notre différence en tant que TSE ou TTTSE (= Très Très TSE) produit une véritable bombe pour notre image de nous-mêmes. Et on ne peut rien faire, on se retrouve paralysé quand notre image de nous-même est plus bas que terre. Nous devons faire très attention à l’image qu’on a de nous et nous devons la cultiver dans une petite bulle solide et la protéger de l’extérieur. Il est important de savoir à qui on accorde du crédit pour se remettre en question et qui on ne doit ABSOLUMENT PAS ECOUTER.
J’exemplifie. Dans les méchantes bêbêtes que j’ai battues en duel ces derniers mois, il y a eu un psy. Et oui, parce que les psys peuvent s’avérer particulièrement dangereux pour notre image de nous-mêmes. Il faut faire vraiment vraiment très attention. Je n’ai rencontré qu’un seul psy à ce jour (et j’en vois depuis… ppffffffffff 18 ans…. Arfffff !!!!) qui a été d’une grande aide et qui n’a pas présenté de faille narcissique (et qui donc ne m’a pas attaquée !) c’est lui que j’appelle Maître Yoda et que je cite de temps à autre, quand il m’inspire particulièrement. Avec Maître Yoda, je peux arriver dans son bureau et lui dire « Non mais là, vous m‘avez raconté n’importe quoi, je ne suis absolument pas d’accord pour telle et telle raison. » Et jamais, jamais, JAMAIS il n’est offusqué. Il écoute et soit : Il argumente avec des arguments recevables et je comprends alors ce qu’il veut dire et pourquoi je n’avais pas compris à la première instance ou alors : Il réfléchit, reconnait qu’il avait tort et ce après quoi, il me remercie de lui avoir fait remarquer son erreur.
Pour avoir travaillé avec des enfants précoces, je dis souvent qu’il ne faut pas avoir d’ego devant eux. Et personnellement, j’adore ça, je trouve ça passionnant. Mais c’est vrai que quelque fois, ça chiffonne un peu l’ego. Se faire remettre à sa place par un enfant de 10 ans qui nous fait remarquer qu’on se contredit par rapport à ce qu’on a dit la veille ou qu’on se trompe sur la date du couronnement de Charlemagne, c’est vrai que sur le coup, ça chatouille. La première fois, ça m’a surtout surprise. Quand il est acquis que cela va se reproduire de nombreuses fois, personnellement, je trouve ça génial. C’est extrêmement intéressant. (Mais, je m’égare, les EIP c’est un autre sujet.) Bref, Maître Yoda a cette caractéristique. Il apprécie la remise en question et la critique et il est capable d’y répondre sans attaquer. (Ce qui devrait être une prérogative chez tout psy soignant un TSE.)
Malheureusement Maître Yoda n’est pas tout puissant et j’ai dû me rendre chez un autre thérapeute pour régler un problème un peu particulier. Me voilà donc arrivée chez ce brave Monsieur avec un problème très spécifique et précis à régler. Et c’est là que je me suis fait avoir comme une bleue ! Parce qu’il m’avait été recommandé et que je pensais ne le voir que 3 ou 4 séances, je n’ai pas dressé mes barrières et mes murailles. Mais c’est tout le dilemme quand on va voir un psy, on cherche de l’aide, on n’est donc pas censé se protéger de celui qui va nous aider n’est-ce pas ? Que faire sans une vraie relation de confiance ?
J’avais tout de suite annoncé la couleur en parlant de ma douance (histoire qu’il comprenne pourquoi je parlais à la vitesse d’un TGV et pourquoi je lui posais 10 000 questions à la seconde !) Il connaissait les « précoces » et il avait des « précoces » dans sa patientèle donc, pas de soucis, je pouvais « lui faire confiance ».
Mon image de moi s’est dégradée petit à petit. Je ne dirais pas que c’était un psy méchant, je dirais simplement que j’ai totalement mis de côté qu’il était TLM et qu’en conséquence, les repères qu’il a sont décalés par rapport aux miens et qu’il ne peut pas se représenter réellement ce que je vis comme (parce que c’est réciproque) je ne peux pas me représenter ce qu’il vit lui. Ce qui s’est passé c’est qu’il m’a très vite dit qu’il pouvait m’aider sur beaucoup de domaines de ma vie. Ce qui devait être « 3 ou 4 séances pour un problème précis » s’est transformé en « prévoir une thérapie sur un an et toutes vos difficultés seront résolues ». Par mes difficultés j’entends : le travail (trouver un travail épanouissant –Mais OUI c’est POSSIBLE me disait-il !-) trouver plus d’amis, un groupe d’amis (Mais OUI c’est POSSIBLE !) et c’était déjà pas mal, comme s’il m’offrait le paradis sur un plateau d’argent. Reconnaissez qu’il avait de quoi m’appâter sacrément. Non pas que j’ai totalement fait le deuil d’avoir un groupe d’amis ou un travail supportable (au moins) mais je suis consciente du fait que ça prendra beaucoup de temps, que je dois m’armer de patience et que ça va être compliqué. Quoi qu’il en soit, à ce moment-là, j’ai plongé tête baissée, reléguant dans les méandres du déni mes expériences de vie passée (qui me prouvaient le contraire absolu de ce qu’il me disait.) Et j’étais (c’est triste à dire) comme une personne qui vient de passer trois jours dans le désert et qui crève de soif attendant patiemment sa goutte d’eau. Avec du recul, je comprends ce qu’il a vu en moi (comme ce que beaucoup de gens voient en moi). Il s’est dit : « Elle est intelligente, elle s’exprime aisément, elle a des qualités intellectuelles et de communication, elle a juste besoin de revenir dans le droit chemin. Et je vais l’aider ce sera merveilleux. Merveilleux et SIMPLE.» Il n’a absolument pas pris en compte la donnée « douance » (parce qu’il en était incapable mais aussi peut-être probablement pour des raisons de faille narcissique) et moi je n’ai pas pris en compte qu’il était TLM. Bref, ça a commencé par des petites choses telles que : Moi : « Je n’arrive pas à lire, je m’ennuie terriblement quand je lis et ça me manque car rien ne me fait plus de bien que de me remplir de culture. » Lui : « Oui mais en tant que précoce, à l’école, vous avez été habituée à ne pas faire d’efforts (- Moi dans ma tête : Ah BONNNN ?????-) Parce que tout vous paraissait simple. Maintenant, il faut apprendre à vous secouer, à dépasser vos limites. Allez à la bibliothèque, allez voir des conférences, visitez des musées…Bougez-vous. »
Et c’est vrai que j’adore les musées et les conférences (intéressantes !!) Et puis me dépasser moi-même, voilà une chose qui me parle ! Dans sa façon de s’exprimer c’est comme s’il me disait : « Mais c’est simple, c’est si simple, il vous suffit de le faire. » Cette façon que les TLM ont quelques fois d’affirmer les choses (comme si Dieu leur parlait directement dans l’oreille) me déstabilise beaucoup. S’ils sont si sûrs d’eux, ils ont forcément raison ! (Du coup, cela me renvoie que je suis folle d'éprouver tant de difficultés pour des choses si FACILES!!) Pour revenir sur cet exemple, j’avais déjà parlé de ce problème de livre à Maître Yoda qui m’avait dit : « Commencez le livre par la fin et remontez le jusqu’au début, il aura beaucoup plus de sens pour vous. » Dans le cas n°1 le psy me culpabilise de ne pas me bouger suffisamment le cul, dans le cas n°2 Yoda s’adapte, m’explique pourquoi j’ai cette difficulté et me donne une solution facile et accessible (et non culpabilisante).
Pourquoi j’ai continué à voir ce psy ? Parce qu’il me vendait du rêve (et cher en plus !!!) et que j’avais très envie d’y croire, de me dire que c’était possible avec un peu d’efforts ! Le truc, c’est que j’ai 37 ans et que des efforts, je ne fais que ça depuis que je suis née, en permanence. Et je crois que c’est ça qui est terrible, c’est que progressivement par de petites phrases de ci de là, il me poussait à changer qui je suis profondément. Il me poussait à devenir normale. Ce qui pour lui est sa normalité qui DEVRAIT être à ma portée et devrait m’épanouir. Oui mais NON en fait, pas du tout. Ca faisait un moment que mon homme me disait qu’il me trouvait mal, avec plus aucune confiance en moi. Imaginez bien qu’à ce moment-là, il m’était impossible de vous écrire. Et une fois par semaine, je continuais à me faire « embobiner » « écraser » ? Bref, ça a finalement craqué un jour où il m’a dit que je devais essayer de comprendre à quel point ça pouvait être agressif pour un TLM de s’entendre dire que j’étais surdouée, HP, zèbre etc. Je pleurais dans son bureau et il m’a dit « Vous imaginez ce qu’ils ressentent ? Ce que ça leur renvoie d’eux-mêmes ? De leur infériorité ? » Je pleurais toujours et je me suis un peu beaucoup énervée et je lui ai dit qu’ils ne se rendaient pas compte EUX de la souffrance quotidienne que c’était d’être TSE. C’est terrible d’avoir un psy qu’on paye une fortune chaque semaine qui veut qu’on protège les autres de ce qu’on est nous ?????????????????????????????
C’était la fin de la séance. Là, quand même, je me suis dit qu’il y avait un problème. Et surtout j’avais déjà vécu ça par le passé. Deux ans avec un psy à lui expliquer chaque semaine mon fonctionnement (qu’il ne comprenait pas) pendant 40 minutes. A la 40ème minute, indubitablement, il me disait : « Ah je comprends, et il reprenait tout ce que je lui avais dit et il avait compris. » (Les dernières 5 min étaient extatiques pour moi). Et puis arrivait la semaine suivante où je pensais pouvoir avancer et passer à autre chose (comme on construit une maison, on fabrique les fondations et puis on empile - enfin, je me le représente comme ça - ). Bref. Le truc c’est que la semaine suivante il avait tout oublié. Ce n’était pas méchant de sa part, c’est juste que ce que je suis est si éloigné de sa représentation du monde, de ce qu’il connait etc. qu’il ne peut pas l’enregistrer. Et c’était reparti pour 40 min de bagarre intellectuelle pour lui prouver que non, je ne faisais pas EXPRES d’être hypersensible, de confronter mes profs à leurs limites etc. Question à 3 000 € : Est-que j’ai pris des anti-dépresseurs pour lutter contre ces attaques qui m’étaient faîtes ? Attaques parce que ces psys attendaient que je change ma nature, mon fonctionnement normal, spontané, intrinsèque ? Excellente question. Cependant ce qui est fait est fait. Je vous précise que je ne suis pas psy moi-même et que si vous rencontrez ces propres problématiques je ne pourrais pas véritablement vous aider. Ici, je ne souhaite que vous alerter de ce qui peut se produire et c’est pour ça que je conseille toujours de voir un psy réellement expert en douance (soit la plupart du temps : surdoué lui-même). Ainsi, j’aurais dû garder en tête que je discutais avec un TLM et qu’il n’était PAS POSSIBLE que ses conseils s’appliquent à moi et à ma vie. Il faut garder en tête de ne pas toucher à ce qui fait ce que vous êtes. C’est très compliqué dans le cadre d’une thérapie. Ecoutez-vous. Ecoutez-vous.
Pour en finir sur la question du respect de soi. Ne vous leurrez pas. Depuis qu’on est tout petit, on entend qu’on n’est pas comme il faut, que ce soit à l’école, dans notre famille ou avec nos amis. Nous avons tous subis des jugements négatifs et parfois très violents. Le fait de savoir qu’on est « surdoué » n’enlève pas toujours ou pas automatiquement cette impression profonde qu’on garde d’être stupide. Quelques fois cette impression passe puis quand la vie nous malmène, cette impression revient. On doit toujours garder un esprit critique face à un représentant de l’autorité (juge, parent, professeur, psychologue, médecin –voir l’expérience de Milgram bien entendu-) mais nous TSE devons être encore plus vigilants que les autres, car ceux qui nous jugent, ne nous jugent pas avec la bonne grille de lecture. N’oubliez pas cette citation de Papi Albert « Si vous jugez un poisson sur ses capacités à grimper à un arbre, il passera sa vie à croire qu’il est stupide. » Ce qui est compliqué c’est que personnellement, j’adore me remettre en question, je trouve ça palpitant, intéressant, motivant, donc j'aime les critiques. Cependant, il ne faut pas écouter ceux qui nous demandent de grimper à des arbres, ce sont ceux qui nous apprennent à faire des pirouettes aquatiques à qui nous devons accorder du crédit.
Et attention… Ca marche aussi pour les amis… Mais peut-être que je vous en parlerais la prochaine fois ?
Prenez soin de vous.
Namasté
Ketrichen